Des pompes funèbres vandalisées et pillées à Port-au-Prince, où entreposent et préparent les morts pour leur dernier repos ?
La situation chaotique qui prévaut dans le pays, en particulier dans la capitale d’Haïti, Port-au-Prince, a contraint les habitants du centre-ville à se déplacer de force, entraînant le déplacement des entreprises qui s’y trouvaient, y compris les pompes funèbres. Situées, entre autres, à la rue de l’Enterrement, la rue de la Réunion, la rue Joseph Janvier, la rue Saint-Honoré et la rue Chareron, ces entreprises funéraires font face à d’énormes difficultés pour fonctionner en raison du contrôle exercé par les groupes armés.
À l’impasse Laveaud, non loin du camp des déplacés forcés où se trouvent les véhicules des services funèbres, des rumeurs faisaient croire que des responsables de pompes funèbres procèdent, dès les premières heures du matin, à des préparations de cadavres pour des cérémonies de funérailles en pleine rue. Une situation qui risque d’aggraver davantage la crise sanitaire du pays, étant donné la promiscuité qui règne dans les différents camps de déplacés.
L’équipe de rédaction de Lakay Info509 s’est rendue sur les lieux, et selon les témoignages des responsables des pompes funèbres, ces allégations sont totalement fausses.
« Nous ne préparons pas de corps en pleine rue, au contraire, nous sommes obligés de nous rendre soit à Delmas 83 ou à Tabarre 27, qui sont également des endroits dangereux », affirme un responsable de pompes funèbres qui requiert l’anonymat.
« J’ai pratiquement tout perdu. Avant, j’habitais à Carrefour-Feuilles et les bandits m’ont poussé à déménager dans mon entreprise funéraire qui était située dans la rue de l’Enterrement. Or, durant les récents mouvements, ils ont totalement pillé mon entreprise, et me voilà sans abri et sans argent. Je ne sais pas quoi faire, je suis fatigué », se désole un autre propriétaire de pompes funèbres.
Il est à noter que Radio Télé Galaxie avait rapporté des responsables d’une pompe funèbre sous l’autorisation des parents d’un défunt ont enterré sans organiser de cérémonies funérailles cinq cadavres entreposés dans une morgue à la rue Louis Joseph Janvier, découverts dans un état avancé de décomposition en raison des difficultés à maintenir en marche le système de climatisation.
De plus, depuis que les bandits regroupés sous le nom de « Viv Ansanm » ont pris le contrôle, le Grand Cimetière de Port-au-Prince est presque devenu inaccessible. Pour déposer un cadavre dans les rares pompes funèbres encore en activité en centre-ville, les responsables de ces entreprises doivent verser une somme aux gangs. En cas de refus, ces individus armés prennent en otage à la fois le cadavre et le chauffeur chargé de son transport. En conséquence, les familles endeuillées ont été contraintes d’enterrer leurs proches dans un cimetière situé en haut de Turgeau ou à Delmas 34.
En clair, tandis que les acteurs politiques retardent l’installation du Conseil présidentiel, la capitale devient méconnaissable, et même les cadavres ne sont pas épargnés. Les Haïtiens font face à une situation catastrophique où le désespoir et la tristesse se lisent sur chaque visage, où la peur et la fuite sont monnaie courante.
Job David Boisrond
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