ET SI TOUT LE MONDE DIALOGUAIT AVEC TOUT LE MONDE ?

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ET SI TOUT LE MONDE DIALOGUAIT AVEC TOUT LE MONDE ?

Depuis 2004, l’Haïti des élites, de la société civile et de la population tout entière aurait dû saisir une occasion historique pour s’unir et dialoguer. Pourtant, à la veille de la célébration du bicentenaire de notre indépendance, des forces internes et externes nous ont empêchés de nous rassembler, de transcender nos divergences pour affirmer notre unité. Ce moment aurait dû être une démonstration de notre fierté nationale, mais il a été noyé dans des slogans creux tels que « gren nan bouda », « rat pa kaka », et la promotion d’idées divisives comme le « nouveau contrat social » ou encore la montée en puissance de groupes comme les Groupe 184 et Ti Minorité Zwit.

L’occasion manquée du bicentenaire

Au lieu de renforcer notre cohésion nationale, les événements de 2004 ont révélé que les seuls bénéficiaires de ces fractures orchestrées étaient une minorité d’élites et de clans opportunistes. Pendant que la majorité de la population sombrait davantage dans la misère et l’indifférence, certains groupes jouissaient de privilèges indécents : exonérations fiscales, franchises sans limites, et avantages économiques au détriment de services publics de base. Le nouveau contrat social, censé restructurer la nation, n’a été qu’un prétexte pour imposer des transitions sans lendemain, pilotées par des représentants déconnectés, sans vision, ni leadership, ni sens des responsabilités.

Une déconstruction nationale méthodique

Depuis 2004, Haïti a entamé un processus de déconstruction systématique. Les catastrophes naturelles, qui auraient pu nous unir dans la solidarité, ont au contraire révélé les failles d’un État gangrené par la corruption et l’indifférence. L’insécurité galopante, symbole criant de l’effondrement national, continue de miner nos espoirs. Manipulée par des intérêts tant internes qu’externes, elle appauvrit davantage la population, amplifie les inégalités et approfondit l’exclusion sociale.

Le summum de cette spirale destructrice fut atteint le 7 juillet 2021, avec l’assassinat en fonction du président Jovenel Moïse. Cet acte tragique a mis en lumière le complot insidieux de certains Haïtiens contre leur propre nation. Malgré un contexte critique, le refus de dialoguer entre les différentes forces vives du pays a persisté. Avec un véritable dialogue, nombre de crises auraient pu être évitées. Mais l’orgueil, les intérêts personnels et l’absence de volonté politique ont triomphé.

Le blocage total et la voie du dialogue

Aujourd’hui, Haïti est paralysée. Tout est bloqué. Il n’y a ni leadership clair, ni vision, ni même une volonté collective de résoudre les problèmes qui accablent le pays. Pourtant, seul un dialogue sincère, rassembleur et inclusif pourrait sortir Haïti de ce chaos.Rien ne fonctionne, aucun secteur n’est épargné par la dégradation. Ce chaos est la conséquence directe de l’absence d’un leadership réel, capable de provoquer l’unité et d’instaurer un dialogue inclusif. Ce dont Haïti a besoin, c’est d’un dialogue rassembleur, sincère et sans arrière-pensée.

Ce dialogue doit réunir toutes les composantes de la société haïtienne : élites, classe moyenne, paysans, jeunes, la bourgeoisie, la societe civile , les ghettos , les groupes économiques, les partis politiques , l’eglise , les cultes reformes , les vaudouisants , les groupes armés , femmes, et diaspora. Il doit briser les clivages sociaux, politiques et économiques pour bâtir un avenir commun. Seul un dialogue inclusif, porté par un véritable désir de changement, pourra extraire Haïti du cycle infernal de l’instabilité.

L’urgence d’un dialogue inclusif

Les crises actuelles – politiques, économiques, environnementales – révèlent une réalité brutale : sans dialogue, il n’y a pas de solution. Le pays est fragmenté, chaque acteur cherchant à maximiser ses propres intérêts au détriment de l’intérêt collectif. Les révoltes manipulées, les pays locks , les kanpé deye Barikad , les Bwa kalé , les Bals Kalés , les lari pabon , les intérêts particuliers, et les inégalités criantes n’ont fait qu’amplifier la pauvreté, l’exclusion et l’instabilité.

Le dialogue inclusif est la seule voie pour bâtir une réconciliation nationale, garantir les droits de tous les citoyens, et créer les bases d’une gouvernance responsable. Cette démarche nécessitera :

  1. Un désarmement immédiat et reinsertion serieuse pour rétablir un minimum de sécurité.
  2. Des consultations territoriales afin de recueillir les priorités des communautés locales.
  3. Une conférence nationale de réconciliation pour sceller un consensus autour des priorités nationales.

Le rôle de la communauté internationale

La communauté internationale porte une part de responsabilité dans cette désunion. Ses interventions maladroites, souvent basées sur des intérêts géopolitiques ou économiques, ont contribué à creuser le fossé entre les Haïtiens. Les leçons des échecs passés, notamment l’instabilité chronique engendrée par les missions successives de l’ONU, doivent guider de nouvelles approches axées sur le renforcement institutionnel et le soutien à un dialogue authentique.

Les Nations Unies, l’OEA, et les grands bailleurs doivent cesser d’imposer des solutions technocratiques. Ils doivent plutôt faciliter des espaces de dialogue et encourager des mécanismes qui renforcent la gouvernance démocratique, l’intégration sociale, et la souveraineté nationale.

Rompre le cycle de l’instabilité

Haïti ne peut pas se reconstruire sans une véritable campagne d’intégration sociale et politique. Il est impératif de rompre avec les cycles de transitions stériles, les manipulations politiciennes et l’absence de vision. La réconciliation, basée sur un dialogue inclusif, est essentielle pour stabiliser le pays et entamer une véritable transformation sociale.

Deux siècles après son indépendance, il est temps qu’Haïti prenne conscience de sa force collective et redéfinisse son destin à travers l’unité, la justice sociale, et une gouvernance responsable. Le dialogue inclusif est la clé pour transformer ce rêve en réalité.

Il est temps que chaque Haïtien, quelle que soit sa position, accepte de parler à l’autre, non pour diviser, mais pour construire ensemble. Le chaos actuel n’est pas une fatalité. Avec un dialogue sincère, Haïti peut renaître et retrouver sa dignité de première République noire indépendante. La balle est dans le camp de chacun d’entre nous.

Patrick Alexis
Citoyen Engagé

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