Fête de Pâques : Quand les activités religieuses subissent la loi de l’insécurité
Le phénomène de l’insécurité notamment le grand banditisme, le kidnapping et la violence des gangs armés impactent les activités sociaux économiques voire religieuses. Cette année, le Chemin de Croix, encore appelée procession, activités réunissant beaucoup de fidèles catholiques n’a pas drainé la grande foule comme avant. De plus, certaines paroisses de la zone métropolitaine de Port-au-Prince ont dû limiter le parcours à un nombre réduit de quartiers pour cause d’insécurité.
Il est déjà 9 heures du matin, le soleil brille de mille feux dans le ciel pour ce vendredi 7 avril 2023, date marquant le Vendredi Saint jour de la mort de Jésus-Christ selon la Bible. Pour les fidèles de l’Eglise Notre-Dame d’Altagrâce, la procession débute à Delmas 65, passant par 40B puis retourner au temple religieux avant que chacun ne rentre chez soi.
Une sexagénaire rencontrée en pleine procession a laissé parler son cœur. « L’enthousiasme que charrient les fêtes des Pâques chez les chrétiens catholiques, membres de la société haïtienne, s’est considérablement effrité au cours des dernières années », constate-t-elle avec un zeste de mélancolie.
« Je participe toujours au chemin de croix du vendredi saint, c’est pour la première fois qu’on l’a organisé ainsi. Je crois que c’est en raison de l’insécurité qui prévaut dans le pays », a-t-elle déclaré, vêtue d’un t-shirt bleu et d’un pantalon blanc.
Le constat n’est pas différent pour les fidèles de la Paroisse Saint Martin et Saint Yves et ceux de l’Église Notre-Dame du Perpétuel Secours en terme d’organisation, les églises se sont adaptées par rapport au climat sécuritaire du pays.
Par ailleurs, les fidèles catholiques ont également confié qu’en raison de l’insécurité, ils ont peur de se rendre à l’église comme c’est une obligation chrétienne, ils sont obligés de prendre la route avec la peur au ventre. Ce qui, selon eux, n’était pas le cas dans le passé où ils pouvaient aller à la messe en toute tranquillité.
« Auparavant, j’assistais à la messe à 6 heures du matin, mais à cause de l’insécurité, je participe de préférence à celle de 8h du matin parce que le risque d’être victime est plus faible à cette tranche d’heure », a expliqué un homme dans le troisième âge, qui se présente comme un fervent fidèle catholique.
À son avis, c’est la première fois que le pays connaît une situation aussi stressante et difficile. Le septuagénaire pointe du doigt le dernier gouvernement qui, selon lui, n’a rien fait pour empêcher le pays de sombrer dans la violence.
Les chrétiens implorent la grâce divine sur le pays en vue de le sortir dans cette impasse car, selon eux, la crise à laquelle fait face Haïti dépasse les autorités étatiques. Ils ne manquent pas d’adresser dans leur prière un message particulier sur la situation actuelle du pays. Ces croyants souhaitent que l’année prochaine la procession puisse se dérouler dans la paix et la sérénité, comme avant.
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