Espace public : Économie
Mercredi 14 septembre 2022
Par l’économiste Eddy Labossière
La création d’une vraie Banque de Développement et d’Investissement, un passage obligé pour une Inclusion Financière sans démagogie en Haïti.
Un système financier d’un pays normal, un pays qui marche et qui pratique l’inclusion financière est composé des acteurs suivants:
Les Banques Centrales, les instances de régulation et de contrôle, les Banques commerciales, les Banques de développement et d’investissement, les fonds d’investissement, la microcrédit, les compagnies d’assurance, les courtiers, les Bourses de valeurs mobilières, les traders, les plate-formes de négociations, les chambres de négociation, les fonds de pensions etc….
À travers cette liste on constate qu’Haïti n’est pas un pays normal, comme les autres quand on parle de la Finance, nous sommes très loin du compte et en plus en Haïti l’inclusion financière est inexistante, la note dominante, la norme est bien l’exclusion financière car, les Banques ne donnent presque pas de crédit aux investisseurs, aux entreprises et aux particuliers;
Dans le développement d’un pays normal, qui avance et se développe il y a deux secteurs solides: un secteur réel et un secteur financier, la mission de ce dernier est de financer le secteur réel produisant des biens et services, les deux doivent se développer en même temps, sinon vous n’avez pas de pays,
C’est bien le cas d’Haïti ou les Banques commerciales sont très riches avec de très fortes rentabilités et de profitabilités d’une année à une autre, dans le même temps 80% de la population est très pauvre et n’a pas accès aux biens et services de base;
Parmi les acteurs du système financier Haitien nous avons que trois sur dix et encore ces trois ne fonctionnent pas toujours très bien, citons:
1- La BRH qui est bien structurée et fait son travail, mais il y a certaines insatisfactions dans la manière dont elle conduit la politique monétaire du pays concernant la stabilisation des prix;
2- Les Banques Commerciales sont inexistantes car, elles ne font pas leur travail d’intermédiation financière, elles se contentent en grande partie de faire le » Business » de l’argent tout en contribuant à la dépréciation de la Gourde, seulement 18% des dépôts bancaires sont donnés en crédit au secteur réel en République Dominicaine ce taux est de 58%;
3- Concernant les Assurances en Haïti nous n’avons pas de compagnie d’assurance, nous avons seulement des institutions de réassurance, une fois mobilisée les réserves mathématiques du pays, elles les envoient vers leur maison mère aux États-Unis, en France, au Canada etc.
Les réserves mathématiques du pays, que les réassureurs mobilisent ne sont pas réinvesties en Haïti pour le développement du pays;
La faiblesse du système financier Haïtien avec seulement trois sur dix institutions, est bien l’une des causes du sous-développement du pays, il va falloir au fur et à mesure implanter les institutions financières manquantes;
Commençons par la création d’une vraie Banque de Développement et d’investissement pour donner un crédit accompagné avec un taux d’intérêt très faible à tous les citoyens Haïtiens qui sont porteurs d’un projet d’investissement avec une rentabilité avérée, exploitants les filières porteuses de l’économie Haïtienne et orienté vers une stratégie de substitution à l’importation des produits Dominicain;
En particulier: l’agro-alimentaire, l’agro-industrie, une cimenterie, une aciérie, les produits pharmaceutiques etc.
Le seul moyen de favoriser sans démagogie l’inclusion financière en Haïti d’aujourd’hui est la création de cette Banque de développement et d’investissement.
N.B « Si nou vle fe peyi » Il reste pour le moment à mettre en place l’architecture financière de cette Banque, son cadre légal, les garde-fous, l’autorité du marché financier, de la concurrence et même le gendarme du marché etc.
Dr Eddy Labossière
14/09/2022