Haïti-Justice : « L’Expert des droits de l’homme ne va pas changer la réalité », prévient le CARDH
L’américain William O’Neill a été désigné officiellement ce mercredi 12 avril comme le nouvel expert des droits de l’homme en Haïti pour un mandat d’un an renouvelable. Plusieurs organisations dont le Centre d’Analyse et de Recherche en Droit de l’Homme ont salué la désignation de William O’Neill et la considèrent comme une étape importante dans le cadre des efforts consentis pour le respect des droits humains dans le pays. Cependant, le CARDH croit que cela ne va pas garantir le respect et la jouissance des droits de l’homme. L’organisme de défense des droits humains souligne que l’État a les obligations de respecter, de protéger et de mettre en œuvre les droits
humains.
L’avocat américain William O’ Neil a été nommé comme Expert des droits de l’homme en Haïti par le Commissaire des Nations unies pour les droits de l’homme, Volker Turk. M. O’Neill. William O’Neil
est un avocat spécialisé dans le droit humanitaire et le droit des réfugiés.
Le Centre d’Analyse et de Recherche en Droit de l’Homme (CARDH) a fait remarquer que la nomination d’un Expert Indépendant pour un pays signifie, en général, que la situation des droits de l’homme y est préoccupante. L’Expert est un spotlight, prisme à travers lequel le Conseil observe la situation des droits de l’homme dans un pays. Pour nommer un Expert, il faut le consentement de l’État en question. Cela s’expliquerait par la théorie volontariste qui constitue le pilier du droit international en général.
« La désignation, ce 12 avril 2023, de William O’Neill comme nouvel Expert indépendant sur la situation en Haïti contribuera aux efforts des organisations de droits de l’homme et d’autres mécanismes visant à sensibiliser sur l’accélération des violations des droits de l’homme en Haïti, notamment à travers les rapports périodiques qui seront présentés au Conseil des droits de l’homme, au-delà des autres mécanismes qui existent », lit-on dans une note du CARDH.
L’organisme a rappelé qu’Haïti a eu son premier Expert indépendant sur la situation des droits de l’homme en 1995, il s’agit de M. Adama Dieng. Le 25 mars 2002, il a été remplacé par le magistrat français Louis Joinet. En 2008, Michel Forst, de nationalité française a remplacé ce dernier. En 2013 Gustavo Gallón a succédé monsieur Forst.
Arrive à terme en 2017, le mandat de Gustavo Gallón n’a pas été renouvelé car l’administration Jovenel Moise s’y était opposé, une décision qui a été contestée par le Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme.
L’organisation prévient que le nouvel Expert ne va pas changer la réalité. Elle croit qu’il revient aux acteurs d’assumer leurs responsabilités.
D’abord, à L’État qui a les obligations de respecter, de protéger et de mettre en œuvre les droits humains, puis la coopération internationale qui a une responsabilité en cette matière au regard de la Charte des Nations Unies et des mandats donnés aux différentes missions établies en Haïti (MINUSTAH, MINUJUSTH, BINUH), enfin, la société qui doit contribuer à la construction de l’État de droit, au-delà des dénonciations.
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