Haiti: le secteur informel, grande victime du chaos provoqué par les gangs armés
La situation qui prévaut en Haïti, particulièrement dans la capitale, Port-au-Prince, affecte tous les secteurs de la vie nationale. L’éducation, la santé, le commerce, entre autres, sont tous des victimes de la détérioration du climat sécuritaire. Le secteur informel, négligé et méprisé, n’est lui non plus pas épargné par ce fléau qui ronge toutes les catégories de notre société.
En effet, les marchands de saucisses, les cireurs de chaussures et les détaillants de produits alimentaires se sont confiés à l’équipe de Lakay info 509
« Je n’en peux plus de cette situation, je vais définitivement quitter la capitale qui est devenue un enfer », déclare Alex, cireur de bottes, habituellement installé devant les locaux de la cour de cassation et du contentieux administratif, non-loin du Palais national.
« Je n’ai plus d’endroit où habiter, j’ai été pourchassé à Carrefour-Feuilles et à la rue du Centre, je n’ai plus de revenu », poursuit-il d’une voix empreinte de tristesse.
Par ailleurs, à l’avenue Martin Luther King, nous avons rencontré une jeune dame répondant au nom de Nadia, qui frise la trentaine. Elle aussi evolue dans le secteur informel et vendait des fritures à l’avenue Magloire Ambroise.
« C’en est trop, on dirait que le pays est possédé par le diable, ce qui nous arrive est inimaginable », s’exclame Nadia.
« Autrefois, j’avais mes économies et j’aidais les gens en leur donnant ou en leur prêtant de l’argent. J’étais autonome, et maintenant, depuis environ deux mois, je ne fais que mendier », se désole-t-elle.
En poursuivant, au bas de Lalue, près du poste de marchand, nous avons interviewé un vendeur de saucisses nommé Paul.
« Ce commerce me rapporte peu maintenant, les gens sont quasiment restés cloîtrés chez eux et ceux qui sont dans les rues n’ont pratiquement pas assez d’argent pour acheter », nous dit Paul.
« Jadis, ce commerce était florissant, je vendais environ une douzaine de paquets de saucisses par jour, mais maintenant ce n’est plus le cas. Il y a des jours où j’arrive à vendre moins d’un paquet », poursuit Paul.
Nous voici maintenant à la rue Capois, où Magalie (nom d’emprunt), une travailleuse du sexe, nous fait part de ses déboires et de ses calamités.
« Les gens ne viennent plus ici, ils ont peur et l’insécurité est la principale raison. Cela fait plusieurs jours que je rentre à la maison bredouille, il m’est de plus en plus difficile de nourrir ma famille », déclare Magalie d’une voix très inquiétante.
En somme, il est clair que le pays se dirige quotidiennement vers le chaos car tous les indicateurs sont au rouge. Tous les secteurs sont touchés par les récents mouvements de violence. Malgré les écoles, les hôpitaux, les institutions publiques et les entreprises privées incendiées, pillées et vandalisées, nos dirigeants politiques, en référence au Conseil présidentiel de transition, semblent vouloir montrer leur indifférence face à la situation calamiteuse de la population en se disputant sur la question de désignation d’un président du conseil et d’un Premier ministre.
Job David Boisrond
Lakay Info509
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