Haïti : Médecins Sans Frontières craint pour la sécurité de son personnel soignant face aux violences armées
La détérioration du climat sécuritaire du pays durant ces derniers jours affecte pratiquement tous les secteurs de la vie nationale. Le secteur médical est aussi victime de l’insécurité grandissante qui sévit particulièrement dans la zone métropolitaine de Port – au – Prince.
En effet, après des enlèvements à répétition sur des médecins ces derniers jours, c’est le tour de l’ONG Médecins Sans Frontières de dénoncer une série d’incidents et de menaces sur les réseaux sociaux visant ses structures, son personnel et ses patients.
Cette situation impacte fortement la sécurité de son personnel soignant et des patients pris en charge dans ses structures et met en difficulté sa capacité à délivrer des soins en Haïti, selon un communiqué de l’Organisation publié ce vendredi 24 février.
Le dernier incident en date remonte au 23 février dans la nuit où des hommes armés cagoulés ont tenté de faire irruption dans l’hôpital de Médecins sans Frontières situé à Tabarre. « Des personnes non identifiées ont pointé leurs armes sur le personnel et donné des coups de crosse sur la porte avant d’essayer d’escalader le mur pour rentrer dans l’enceinte de l’hôpital », explique Mahaman Bachard Iro, coordinateur de la mission de Médecins sans Frontières en Haïti, qui ajoute que les individus ont ensuite quitté les lieux.
“Nous demandons à toutes les parties de respecter la mission médicale qui est la nôtre, alors même que MSF demeure l’une des dernières organisations internationales à délivrer encore des soins dans la capitale haïtienne », a déclaré le responsable.
Plus tôt, dans la journée du 22 février, les entrées et sorties du centre d’urgence MSF de Turgeau ont été bloquées et une ambulance fouillée.
Refusant de déposer les armes, la police est ensuite entrée dans la structure sanitaire pour vérifier l’identité de tous les patients enregistrés.
Quelques semaines avant, le 7 février dernier, un autre incident avait déjà eu lieu, lorsqu’une ambulance clairement identifiée MSF a été arrêtée puis fouillée. Des armes ont été pointées sur les passagers du véhicule pour contrôler leur identité, immobilisant l’ambulance plus de 45 minutes avant de l’autoriser à reprendre sa route.
De plus, deux violents affrontements entre groupes armés se sont produits depuis le début de l’année à quelques mètres de l’hôpital MSF situé à Cité Soleil, entraînant la fermeture temporaire des consultations ainsi que l’évacuation momentanée d’une partie du personnel. Face à ces affrontements répétitifs et inquiétants, et le rapprochement de la ligne de front entre groupes armés de l’hôpital, MSF craint de ne plus pouvoir travailler en sécurité pour continuer d’apporter des soins médicaux à la population, toujours selon le communiqué du MSF.
« Il devient de plus en plus difficile de travailler dans ces conditions, la récurrence de ces incidents met en danger la sécurité de notre personnel soignant et des patients », déplore Mahaman Bachard Iro avant de préciser que « Ces obstacles répétés à l’encontre de nos équipes qui circulent à Port-au-Prince pour transférer les patients d’un hôpital à l’autre, ces intrusions violentes dans nos structures médicales et les tirs croisés que nous essuyons aux portes de nos lieux de soins menacent gravement la continuité de nos activités ».
La gravité de ces menaces risque de fragiliser un peu plus la situation sanitaire du pays dans un contexte où des hôpitaux publiques sont en grève et le choléra continue de faire des victimes au sein de la population.
Rappelons que la crise sécuritaire a déjà provoqué la fermeture la semaine dernière de l’hôpital Albert Schweitzer de Deschapelles, l’un des plus grands centres hospitaliers de l’Artibonite.
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