Haïti : Vergetures ( Mak Pitit), de la stigmatisation à la célébration de la sensualité

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Haïti : Vergetures ( Mak Pitit), de la stigmatisation à la célébration de la sensualité

Il est 15h30, sous l’ombre protectrice de l’arbre séculaire qui trône au cœur de la rue O, à Port-au-Prince, des voix de femmes et d’hommes se font l’écho d’une discussion très profonde sur les vergetures. Un changement culturel frappant s’est opéré, mettant en lumière un sujet longtemps ignoré et stigmatisé : les vergetures, et plus particulièrement celles qui ornent les fesses et les cuisses. Autrefois considérées comme une source de honte, ces marques naturelles acquièrent aujourd’hui un nouveau statut, devenant un symbole de sensualité et d’acceptation de soi.

« Les vergetures, que certaines appellent ‘‘mak pitit ’’, sont désormais un signe de sensualité, un témoignage de nos expériences et de notre maturité, surtout lorsqu’elles se trouvent sur les fesses et les cuisses », explique Christine, 38 ans, une des militantes de l’acceptation corporelle de la zone, avec passion et assurance.

L’expression populaire « Si w pa gen mak pitit sa yo, ou pa dous » résonne désormais dans les rues animées de Port-au-Prince, témoignant de l’évolution de la perception des vergetures, placées sur les fesses ou les cuisses. Cette transformation met en lumière un questionnement profond : d’où vient cette révolution soudaine, et est-ce que les hommes y jouent un rôle essentiel ? Quel est le rapport entre ces petites lignes ou ces éclairs et la sensualité, le sexe ou les organes génitaux des femmes ?
« La vraie beauté, c’est d’accepter son corps tel qu’il est, avec toutes ses marques et ses histoires, et de les célébrer, certaines marques qu’on appelle des imperfections deviennent des histoires dans mes photos, les vergetures sur les fesses et les cuisses sont beaucoup plus qu’attrayantes… elles émerveillent mon sens et je pense que tous les hommes ressentent ça », affirme Céder, 29 ans, un artiste visionnaire. « Avant, je ne les remarquais pas, pour ne pas dire que je ne les aimais pas. Et, je ne sais pas quand cette obsession est survenue. J’ai été pris au dépourvu », poursuit-il.
Les vergetures, ces stries cutanées qui se forment lorsque la peau s’étire rapidement en raison de changements de poids, de la croissance ou de la grossesse, peuvent apparaître sur différentes parties du corps. Toutefois, les vergetures sur les fesses et les cuisses sont souvent soumises à un examen plus critique. Si la révolution actuelle semble révolutionner la perception des vergetures, elle interroge également les dynamiques de genre et les normes de beauté.

En Haïti, comme dans de nombreuses sociétés, il existe une pression persistante sur les femmes pour qu’elles correspondent à des idéaux de beauté souvent irréalistes. Les vergetures ont longtemps été considérées comme peu attrayantes, voire honteuses. Mais, cette perception change-t-elle réellement grâce à la seule volonté des femmes, ou les hommes jouent-ils un rôle clé dans cette évolution ?

« Toutes les femmes avec lesquelles j’ai eu une relation sexuelle et qui ont ces lignes sont plus que bonnes au lit », lance Patrick, 32 ans. « C’est par honte que je ne demande pas à une femme, avant d’aller plus loin, de me laisser voir ses fesses ou ses cuisses pour m’assurer qu’elle les a », poursuit-il.

Il est indéniable que la perception des vergetures évolue rapidement, mais il reste à savoir si cela résulte d’une prise de conscience individuelle ou si des facteurs extérieurs, tels que les préférences des partenaires, influencent cette révolution. La réalité reste que la plupart des gens ne trouvent pas les vergetures sur les bras ou le ventre attrayantes, qu’il s’agisse des femmes ou des hommes, mais étiquettent les femmes qui en ont sur les fesses et les cuisses, et ces vergetures doivent être toutes fines… les femmes aussi y participent.

« J’avais l’habitude de les cacher. J’ai même cherché une crème pour les effacer. Maintenant, tous les matins, je regarde mes fesses dans le miroir pour m’assurer qu’elles sont bien là », raconte Léa, 26 ans. « Avec elle, je me sens plus aimée et plus désirée », conclut-elle.

Il est essentiel de poser des questions pertinentes. Cette révolution soudaine des vergetures est-elle le résultat d’un désir authentique de redéfinir les normes de beauté, ou est-elle influencée par des attentes externes ? Les femmes en Haïti sont-elles réellement en train de s’approprier de leur propre beauté, ou sont-elles conditionnées par des normes traditionnelles ?

Cette transformation culturelle en cours autour des vergetures est sans aucun doute une étape positive vers l’acceptation de soi et la célébration de la diversité corporelle. Cependant, elle soulève des questions cruciales sur les influences sociales, la dynamique des genres, la manière dont elle est prise et les attentes de la société.

Il y a bien sûr la partie acceptation de soi, qui n’est pas une mauvaise chose, mais il y a d’autres points à considérer, comme la mauvaise définition ou interprétation de ces vergetures.

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