Le CARDH plaide pour une transformation profonde de la PNH à l’occasion de son 30ème anniversaire
Alors que la Police Nationale d’Haïti (PNH) célèbre trois décennies d’existence ce 12 juin, le Centre d’Analyse et de Recherche en Droits de l’Homme (CARDH) publie un rapport accablant sur l’état de l’institution et propose une feuille de route ambitieuse pour sa modernisation.
Le document de 14 pages du CARDH dresse un portrait sans complaisance d’une police nationale dépassée par l’évolution de la criminalité. L’analyse révèle comment le cadre légal de 1994, conçu pour une époque révolue, entrave aujourd’hui l’action policière. Les effectifs, réduits à moins de 10 000 agents pour l’ensemble du territoire, apparaissent dramatiquement insuffisants au regard des standards internationaux.
La situation sécuritaire s’est particulièrement dégradée avec l’émergence des gangs armés qui contrôlent désormais des portions entières du territoire. Rien qu’en 2025, 16 policiers ont déjà perdu la vie dans des affrontements avec ces groupes criminels.
Face à ce constat alarmant, le CARDH avance des propositions concrètes pour restructurer en profondeur l’institution policière. La première priorité concerne la mise à jour du cadre juridique, avec une révision complète de la loi fondatrice de 1994 qui ne répond plus aux réalités sécuritaires actuelles.
L’organisation recommande notamment la création d’une unité anti-gang permanente, dotée de moyens technologiques modernes comme des drones de surveillance, ainsi que le développement d’une capacité aérienne avec des hélicoptères pour les interventions rapides. Le rapport insiste sur l’urgence de professionnaliser la formation des agents et d’aligner les effectifs sur les standards internationaux, ce qui impliquerait presque de doubler les forces actuelles.
Le CARDH souligne que la réforme de la PNH ne peut réussir sans une coordination renforcée avec les autres acteurs étatiques. Le document préconise une collaboration plus étroite avec les Forces Armées d’Haïti pour les opérations de grande envergure, ainsi qu’une meilleure synergie avec le système judiciaire pour accélérer le traitement des dossiers criminels.
L’analyse met particulièrement l’accent sur la nécessité d’une stratégie nationale de sécurité claire, élaborée avec l’ensemble des institutions concernées. “La PNH ne peut porter seule le fardeau de la sécurité nationale”, conclut le rapport, appelant à une mobilisation de tous les secteurs de l’État pour soutenir cette réforme cruciale.
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