Nécrologie : Neker Bellevue « Papa Nek » dans son éternité
Le très médiatique entraîneur de football haïtien Neker Bellevue, dit « Papa Nek », est parti pour l’éternité le samedi 31 mai 2024. Il a eu une longue carrière dans le secteur sportif, mettant ses connaissances et compétences au service de nombreux clubs. Apprécié pour ses analyses tactiques et techniques, il a marqué les retransmissions de compétitions internationales, tant à la radio qu’à la télévision, par la justesse de ses commentaires. Il ne cherchait nullement la célébrité, contrairement à la tendance de son époque.
Le défunt, grande gueule dans le milieu, défendait bec et ongles ses convictions sur le jeu. Maintenir un haut niveau de performance pendant de longues années dans ce métier, souvent ingrat, est une rareté notable.
Neker Bellevue avait pris sa retraite il y a plusieurs années. Il ne fréquentait plus le stade Sylvio Cator bien avant la déchéance du football dans le pays. Passionné de ce sport, il s’était reconverti en entraîneur pour transmettre son savoir aux jeunes générations. Le football était gravé en lettres d’or dans son âme.
Neker Bellevue, fin tacticien, savait étudier les comportements des équipes adverses, leur trouvant de nombreuses failles pour les vaincre. Ses équipes étaient souvent coriaces et difficiles à manœuvrer, parfois même invincibles.
Qui ne se souvient de l’équipe de Carrefour, qui dans les années 80, tenait tête et rivalisait avec les formations réputées de Port-au-Prince lors de la Coupe Pradel ?
Dans sa jeunesse, Neker Bellevue pratiquait le football et portait les couleurs du Racing Club Haïtien, en jaune et bleu. Bien qu’il n’ait pas eu une longue et brillante carrière sur le terrain, comme les Claude Barthélémy, Marion Léandre, Lenz Domingue et autres grands joueurs de ce club très populaire, il a dû abandonner la pratique du football pour se consacrer à ses études universitaires en sciences économiques à la Faculté de Droit et des Sciences Économiques de Port-au-Prince après avoir terminé ses études classiques au Lycée Firmin.
Papa Nek a également fait carrière dans la fonction publique. Il a été Directeur Général de l’Office des Postes et à un moment donné, responsable du Centre sportif de Carrefour construit sous Jean-Claude Duvalier. Ce complexe moderne, avec une piscine olympique aux normes internationales, une piste en tartan et un gymnase, n’a malheureusement pas été géré correctement.
Neker Bellevue a entraîné plusieurs équipes, notamment son club de cœur, le Racing, l’Excelsior, le Don Bosco, et une sélection universitaire. Il était aussi en charge d’une sélection nationale junior, tandis que Claude Barthélémy dirigeait la sélection senior, qui a fait naufrage au Honduras en 1981. Fait notable, Papa Nek n’a jamais voulu se faire photographier avec aucune équipe, pour des raisons mystérieuses.
L’économiste et entraîneur Neker Bellevue respirait le football. C’était inscrit dans son sang. Il possédait une intelligence footballistique éprouvée, doublée d’une compétence de terrain inégalée. De plus, il avait la volonté de transmettre son savoir aux autres dans son domaine de prédilection, le football.
Conscient de l’importance de transmettre le savoir technique du jeu, il avait créé une école de football dans les années 90, le YOUNG BOY. Malheureusement, les bouleversements politiques post-1986 ont presque tout chambardé, excepté la liberté de parole.
Il animait souvent des stages de formation pour entraîneurs avec plaisir et constance. Pendant plusieurs années, il a été commentateur sportif lors des grandes compétitions internationales, comme la Copa América et la Coupe du Monde de football, à Magik Stéréo 100.9, avec l’ingénieur Guy Allen, excellent défenseur et capitaine du Victory Sportif Club et de la sélection nationale, ancien vice-président de la Fédération Haïtienne de Football. Il a aussi travaillé à Télémax, la chaîne 5.
Neker Bellevue n’était pas toujours bien compris, car ses commentaires techniques et tactiques ne plaisaient pas à tout le monde. Il maîtrisait ses sujets et a publié quelques articles sur le football et la préparation physique des joueurs dans les colonnes du quotidien Le Nouvelliste. Il était un pluridisciplinaire.
Neker Bellevue était père de deux enfants, Alain, médecin qui savait jouer au football, et Rachelle, secrétaire. Il aimait la vie et ses plaisirs comme tout le monde. Son départ pour l’au-delà, peut-être prématuré, plonge la famille du football dans une profonde affliction.
Ainsi va la vie ! On n’y peut rien. Ne s’agit-il pas d’un principe cardinal de l’existence sur cette terre : on naît, on vit et on meurt. Le chemin est tout tracé, quel que soit son rang social, sa culture ou sa fortune. Bonne route, Papa Nek ! Vous avez fait œuvre qui vaille. Les vrais sportifs vous seront reconnaissants pour votre travail.
Smith NICOLAS
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