Opinion – Quelle est la motivation d’un homme politique haïtien, d’un historien, d’un écrivain ou d’un intellectuel à se déclarer Dessalinien , Louverturien , Christophien ect ?
En quoi cette prise de position peut-elle servir ou freiner le développement du pays ?
N’est-ce pas une tendance conceptuelle de chisme dans la mentalité de nos hommes (cultivés ) ?
L’histoire d’un pays est l’étoile principale qui doit éclairer et guider les élites et les masses populaires, les classes politiques qui se sont succédées au cours des siècles et des ans devraient s’en servir dans la construction de l’édifice national.
Les élites qui regroupent les strates phares de la société doivent se donner la mission d’épouser les motivations et les éléments nécessaires qui ont conduit à la réussite de cette belle page d’histoire que les noirs et les mulâtres ont écrite. Toutes les élites de n’importe quel pays qui se respectent doivent nécessairement se référer à l’idéologie phare qui participe à la naissance de la nouvelle nation. A partir de ce moment, toute nouvelle bataille, toute nouvelle lutte qui sera entreprise, portera inconditionnellement l’empreinte des idéaux qui ont permis l’émergence de la nation .
À St Domingue, avant la grande réalisation de l’Apothéose de 1804, des tentatives de lutte pour se départir de la métropole qui ont été menées par les grands planteurs, les mulâtres de manière sectaires ont été toutes vouées à l’échec. Ceux-ci ne purent réussir, compte tenu de leur position sectariste. Ils pensèrent qu’ils pouvaient réussir seuls, et après des batailles perdues, des guerres désastreuses, les noirs et les mulâtres comprirent que pour gagner la guerre il avaient fallu sacrifier des intérêts de chapelle et mesquins, et c’est à cet instant qu’ils commencèrent à déstabiliser l’ennemi commun et réaliser l’impensable que fut l’apothéose de 1804. Donc l’on comprend mal que les générations d’intellectuels, d’historiens, d’hommes politiques et d’écrivains qui se sont succédés ne purent jamais et jusqu’à ce jour ne comprennent la nécessité à suivre cet exemple ancestral d’unité historique des noirs et des gens de couleur, condition sine qua non pour créer l’État Nation dont nous rêvons tous.
Cette culture d’égoîsme arriéré de nos élites, conduit depuis plus de deux siécles à cette descente aux enfers de la déstructuration et de la destruction de l’État. Une situation qui conduit sans peine à cette interrrogation : Comment les élites haïtiennes n’arrivent – t- elles pas à s’identifier aux idéaux de nos ancêtres qui ont réalisé les hauts-faits de 1804 ? Agissant sous le feu de la passion égoïste des intérêts personnels, les élites sociales , politiques et économiques n’ont jamais su s’identifier aux idéaux de nos ancêtres. Ils n’ont jamais pensé à l’humanisation du peuple haïtien, ils se sont au contraire acharnés à le choséfier comme le faisaient les colons et la métropole .
L’historien haïtien, l’homme politique haïtien, l’écriain haïtien qui devrait se faire l’apôtre de l’humanité, le défenseur acharné du people, se range au contraire du côté des vautours, des prédateurs qui ne cessent de détruire la pays .
Si l’on cherche à diagnostiquer cette pathologie qui ronge les élites où irait-t-on la déceler ?
On ne peut pas la tirer dans les gênes de nos ancêtres, puisque ces derniers ont pu se surpasser pour nous léguer ce Sacré heritage. Si l’on s’en tient à des soubresauts historiques, quelques décennies avant 1915, le pays a connu des périodes vertes au niveau de l’économie, aussi minime soit-elle. Il y avait un pays fonctionnel, tous les indicateurs socio culturels, sanitaires, économiques étaient au vert, on avait un niveau d’éducation de qualité, on pouvait parler de la balance commerciale. Enfant, j’étais à ma ville natale, je vivais avec joie l’arrivée des bâteaux de commerce et de touristes dans le port de Petit-goâve. si le pays avait gardé la même tendance, on aurait pu s’enorgueillir d’être un pays développé aujourd’hui, malheureusement les fossoyeurs et les prédateurs de la patrie ont tout détruit au cours de leur passage .
Peu après le départ de Baby Doc, les éléments de gauche ont pris d’assaut l’échiquier politique haïtien. Ils étaient les seuls tuteurs de la démocratie occidentale, ils ont juré d’importer la démocratie en Haïti et ils ont fait table rase sur tout et en tout pour apporter, ont-ils fait croire, un nouveau souffle au peuple haïtien. C’est à juste titre qu’ils se font siens certains leaders de nos ancêtres, écrivains , professeurs , historiens et hommes politiques pour la plupart. D’autres se disent Dessaliniens, les uns cherchent à intimider les autres en d’autre terme. Il s ‘s’autoproclament Christophien , Dessaliniens, Louverturiens, mais jamais Pétion, ces rénégats et hypocrites n’ont jamais pu avoir le courage de citer Pétion et c’est cette hypocrisie que je dénonce aujourd’hui au nom de la vérité .
L’indépendance d’Haïti avait lieu avec les noirs et les mulâtres, Il était impossible de la réaliser sans l’implication de ces deux pilliers. Il faut apprendre à nos enfants cette page d’histoire. L’apothéose de 1804 a été l’œuvre héroïque des noirs et des mulâtres, il ne faut surtout pas l’occulter, c’est cette vérité qui nous fera sortir des ornières du sous développement. Les jeunes qui émergeront, devront se démarquer de cette tranche d’histoire partisane et humiliante que ces individus ont exhibé depuis plus de cinquante ans à cette période post moderne , il faut rompre avec ce discours de division. On doit atteler notre combat à celui de nos ancêtres, c’est à dire l’union des noirs et des mulâtres. Il nous faut changer de paradigms et faire la politique autrement. On sait qu’il y a certains problèmes au niveau de tous les camps, mais avec l’arme de la dialectique on finira par trouver un concensus, un modus vivendi. Unissons-nous autour des idéaux des noirs et des mulâtres pour que désormais notre si beau pays se replace sur la carte mondiale dans le concert des nations !
En quoi cette position de se prononcer pro Dessalines, Louverture ou Christophe peut- elle servir?
Dans la mesure où elle pouvait motiver des schémas de développement ou apporter des réponses significatives aux problèmes structurels que nous avons vécus depuis la fondation de la jeune nation.
Malheureusement cela n’a jamais été le cas et le constat est patent, si nous nous référons à la génèse constructive de la ville, l’on ne pouvait palper rien de grandiose qui puisse attirer ou marquer l’esprit, il ne suffit pas seulement de vendre certaines façades des hèros, il conviendrait au contraire de rendre pérenne par la matérialisation des grandes infrastructures diverses empreintes de beauté et de modernité, sur ce point sans être alarmiste rien n’est encore fait, nonobstant quelques rèalisations merveilleuses de ces héros eux-mêmes. Si l’on s’en tient à la définition elle-même même des espaces géographiques de certaines villes qui furent les théâtres de batailles historiques, l’on comprendra vite ce que sont les dirigeants et les classes politiques qui s’y sont succeeds. N’y allons pas par Quatre Chemins pour indéxer Cap-Haïtien, Marchand Dessalines, les Cayes, Croix des Bossales, pour ne citer que ces villes-là.
Dans la même vaine, observons de plus près l’autre facette de la problématique, un adage populaire avance : le prêtre vit aux dépens de son autel. Jusqu’ici on peut à bien des égards être de cet avis, mais s’ il arrive que le prêtre ne s’occuperait pas de l’autel qu’est-ce qui allait se passer ? On est tous d’avis que l’autel risquerait de s’écrouler ! C’est justement ce qui s’est passé avec les différentes branches d’élites qui ont occupé l’échiquier politique à longueur de décennies. Néanmoins ils ont réussi avec leur famille dans la petitesse.
Donc on ne peut que constater toute la déchéance de ces élites qui n’ont jamais cesser de salir au contraire l’image de notre chère Haïti !
Ils n’ont à la bouche que des mots pour parvenir à leurs fins .
Enfin, ces deux questions resteront fondamentales tant par leur profondeur que par leur nécessité.
Celles-ci devraient faire tâche d’huile au sein de la société, elles sont le goulot d’étranglement et le noeud gordien à toute vélléïté de vastes projets de développement dans le pays. Cette bataille entre ces individus semble indiquer être l’apanage des gens lettrés, mais cachent des intérêts de chapelle en réalité. Elle donne lieu à des cloisonnements étanches au niveau de la société. Nombreux sont ceux qui s’en servent soit pour satisfaire leurs caprices ou pour défendre leurs intérêts idéologiques. Défendre ses positions idéologiques n’est pas là le problème s’il servirait à élever les débats ou les enricher. Ce à quoi l’on assiste au contraire c’est la promotion d’une guerre larvée entre gens d’en bas et ceux d’en haut et aussi, n’a -t-on pas assisté ces dix dernières années à cette diatribe d’échanges, entre guillemets, entre les “pitit Pétion” et “pitit Dessalines”? L’on a vu toute la destruction que cette démarche stérile a engendrée .
A cette période difficile de la vie nationale, la voie à emprunter est celle de l’unité dans la diversité.
Il faut accepter l’autre , l’accepter ne veut pas dire lui laisser le champs libre, mais au contraire de lui parler sans fard ni pot de cire, lui dire la vérité et rétablir chacun ses responsabilités. Il faut accepter aussi de se servir des lois en respectant les prescriptions qu’elles définissent. Les noirs et les mulâtres se sont mis ensemble pour réaliser les hauts faits de 1804 et nous qui appartenons à cette période post-moderne, quelle est notre responsabilité aujourd’hui?
La question reste pendante !
Wencito CUPIDON, citoyen engagé.