Viv Ansanm n’est même pas dans le Top 5 des Gangs d’Haïti

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Viv Ansanm n’est même pas dans le Top 5 des Gangs d’Haïti

Par : Daniel Jocelyn


Derrière l’insécurité, les vrais responsables du chaos : élites économiques, police corrompue, justice bric a brac, politiciens sans etat d’âme, médias au plus offrant et fonctionnaires rakétè.

Port-au-Prince, Haïti – Dans un contexte de négociations politiques tendues et de changement à la tête du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), l’insécurité en Haïti augmente de façon incontrôlable, presque du jour au lendemain. Cette recrudescence de violence, loin d’être une coïncidence, est un outil de manipulation utilisé pour influencer les décisions politiques et maintenir le statu quo. Alors que les médias et les débats publics se concentrent sur les gangs armés, une réalité troublante émerge : Viv Ansanm, souvent présenté comme l’un des groupes les plus redoutables, ne figurerait même pas dans le top 5 des gangs les plus influents d’Haïti. Cette affirmation soulève une question cruciale : et si l’insécurité n’était qu’un écran de fumée, utilisé pour détourner l’attention des véritables architectes du chaos ? Derrière les gangs armés, d’autres acteurs bien plus puissants et destructeurs tirent les ficelles.
Pendant que nous nous focalisons sur les gangs, les élites économiques verrouillent l’économie, les politiciens négocient leur pouvoir, la police protège ses propres intérêts, la justice vend son autorité au plus offrant, les fonctionnaires rançonnent la population, la presse manipule l’opinion publique et la communauté internationale entretient le statu quo.
À chaque flambée de violence, les discussions s’enflamment autour des gangs, des affrontements et des quartiers assiégés. Mais pendant ce temps, comme par hasard, on oublie qu’en même temps, les intérêts politiques sont en négociation, les compagnies de sécurité appartenant aux politiciens et aux hauts gradés de la police augmentent leurs factures, la justice et la police émettent de faux mandats pour extorquer des personnalités influentes ou les forcer à négocier, et le Ministère des Finances, malgré grèves et blocages, fonctionne toujours pour traiter des dossiers fictifs de corruption.
Et nous, le peuple oppressé, nous continuons à débattre sur Viv Ansanm, alors qu’en réalité, ce groupe ne représente presque rien face aux véritables forces qui contrôlent et exploitent Haïti.
L’élite économique haïtienne, composée de quelques grandes familles, domine l’économie en empêchant toute concurrence. Pendant que les marchés populaires sont paralysés par l’insécurité, leurs supermarchés restent approvisionnés, leurs conteneurs passent sans contrôle aux douanes et circulent sans probleme dans les pretendus territoire perdus, et leurs importations se poursuivent sans interruption. Ces familles bénéficient de l’instabilité car elle leur permet de maintenir leur monopole et d’éliminer toute tentative d’autosuffisance locale.

La police, loin d’être une force de sécurité impartiale, est infiltrée et manipulée. Les hauts gradés possèdent leurs propres compagnies de sécurité et s’assurent que la peur ambiante justifie la demande croissante pour leurs services. Certains officiers entretiennent des liens directs avec les gangs, influençant leurs actions selon les besoins politiques et économiques du moment. Au lieu de combattre l’insécurité, la police la gère et l’exploite pour maintenir son emprise.
La justice, elle, est une institution bric a brac maison d’affaires, où les décisions sont monnayées au profit de ceux qui peuvent payer. Les politiciens et les oligarques utilisent la justice comme un levier pour faire pression sur leurs adversaires, en émettant des mandats arbitraires ou en bloquant des dossiers judiciaires selon leurs intérêts. Au lieu d’être un pilier de l’État de droit, la justice est un outil de chantage et de protection des élites.
Les politiciens, eux, ne dirigent rien, ils sont au service des oligarques qui les financent. Les gangs ne sont pour eux que des mercenaires temporaires, activés pour perturber une négociation, intimider un adversaire ou influencer un changement de pouvoir. À chaque nomination clé, comme celle du chef de la police, on observe une recrudescence de l’insécurité, un phénomène devenu trop fréquent pour être une simple coïncidence.
Les fonctionnaires publics sont également impliqués dans ce système de corruption généralisée. L’administration haïtienne est devenue un véritable centre d’extorsion, où chaque service public représente une occasion de rançonner la population. Les citoyens sont contraints de payer des pots-de-vin pour obtenir des documents administratifs ou accéder à des services de base. Pendant ce temps, les affaires de corruption impliquant des millions de dollars ne font jamais l’objet de sanctions réelles et sont traitées comme si elles étaient normales. Les fonctionnaires, eux, attendent généralement leur part sous forme de commissions occultes, perpétuant ainsi un système où l’illégalité devient la norme et où l’impunité règne.
Un autre acteur clé de ce système mafieux, bien plus dangereux qu’une coalition de gangs, est la presse haïtienne. Autrefois considérée comme le rempart de la vérité et la voix du peuple, elle s’est vendue au plus offrant. Aujourd’hui, l’accès aux médias n’est plus une question de compétence ou d’intégrité journalistique, mais un simple outil de manipulation de l’opinion en échange de paiements. Il suffit d’être bien introduit ou de disposer des fonds nécessaires pour avoir accès aux services d’un homme de micro, obtenir une chronique, une tribune et façonner l’opinion publique selon des directives inavouables, souvent au détriment des intérêts du pays.
Plutôt que d’investiguer, la presse choisit les sujets qui servent ses intérêts financiers et politiques. Plutôt que de dénoncer les vrais problèmes, elle crée des distractions, alimente des polémiques stériles et détourne l’attention du peuple des véritables enjeux. Avec l’essor des réseaux sociaux et des smartphones, chacun se proclame journaliste, sans formation, sans éthique et sans rigueur professionnelle. La désinformation devient alors incontrôlable, car ceux qui possèdent le micro, qu’ils soient crédibles ou non, dictent la pensée collective et façonnent la perception de la réalité.

Cette situation est un poison pour la démocratie, car une presse corrompue n’éduque pas, elle endoctrine ; elle n’éclaire pas, elle aveugle ; elle ne défend pas le peuple, elle le manipule. Dans un pays où les médias devraient être un phare dans l’obscurité, ils sont devenus un mur de fumée qui dissimule la vérité et entretient l’ignorance. Une presse compromise est un instrument de domination, bien plus dangereux qu’une coalition de gang armé. Car si un gang contrôle un quartier, une presse corrompue contrôle une nation entière.
La communauté internationale, elle, joue un rôle trouble. Son agenda reste opaque, mais son bilan est limpide : instabilité permanente, destruction des infrastructures, affaiblissement du système éducatif, effondrement de la production agricole, et fuite massive des cerveaux. Depuis des décennies, ses interventions ne font qu’enraciner le chaos, alors qu’elle entretient des relations privilégiées avec les mêmes élites économiques et politiques qui asphyxient le pays. On ne peut plus croire que cette situation est accidentelle : elle profite à ceux qui en tirent les ficelles.
Une Réorientation Nécessaire et un Projet Haïtien pour une Sortie de Crise Réussie
Dans un État de droit véritable, où l’institution policière est soumise à un vetting rigoureux, où les normes de déontologie institutionnelle sont respectées, où l’économie est régulée de manière juste et équitable, où de jeunes leaders visionnaires émergent grâce à un système transparent, où les fonctionnaires sont tenus responsables de leurs actes, où les institutions sont renforcées pour jouer pleinement leur rôle dans le développement du pays, les gangs armés n’auraient ni financement, ni protection, ni raison d’exister.
Tant que nous continuerons à concentrer notre attention sur les gangs, nous serons aveugles aux véritables responsables de notre misère. Haïti n’a pas besoin d’une « guerre contre l’insécurité », elle a besoin d’une révolution contre ceux qui l’entretiennent : une élite économique corrompue, une police sous contrôle, des politiciens vendus, des fonctionnaires complices, une justice aux enchères et une communauté internationale qui maintient ce système à son avantage.
Une fois ces problèmes posés et résolus, la question des gangs ne sera plus qu’un détail. Haïti doit se détourner des fausses solutions imposées par ceux qui profitent du chaos et construire sa propre voie vers la stabilité et la prospérité.
Un projet haïtien pour une sortie de crise réussie est essentiel. Pour briser cette spirale infernale, Haïti doit renforcer ses propres institutions, et non dépendre d’initiatives étrangères ou de commissions temporaires qui n’aboutissent jamais. L’État doit reprendre le contrôle de ses structures fondamentales et les rendre opérationnelles, efficaces et indépendantes.

Cela passe par le renforcement et l’application stricte des lois contre la corruption, l’évasion fiscale et le blanchiment des avoirs, afin d’empêcher l’enrichissement illicite qui affaiblit l’État. La justice doit être réformée et consolidée, pour qu’elle devienne un véritable pilier de l’État de droit et non une machine à protéger les criminels en col blanc. Les organes de contrôle financier doivent être modernisés et rendus plus efficaces, pour s’assurer que l’argent public est utilisé pour le bien de la nation et non détourné au profit d’une minorité.
Le cadastre doit être structuré, mis à jour et protégé de toute ingérence politique et criminelle. Il est essentiel d’empêcher la concentration illégale des terres, qui permet à une minorité d’accaparer des hectares de territoires pendant que la majorité peine à obtenir un simple titre foncier. De plus, il est impératif de s’assurer que les biens immobiliers ne deviennent pas des outils de blanchiment d’argent, un phénomène déjà observé dans plusieurs pays et qui touche probablement Haïti.
Aujourd’hui, rien ne garantit que des chefs de gangs, des criminels financiers ou des repris de justice ne sont pas propriétaires de villas luxueuses, de chaînes d’appartements et de complexes résidentiels sous des prête-noms. Cette situation, qui alimente l’économie criminelle, doit être combattue par un suivi rigoureux des transactions immobilières et une réglementation stricte sur l’acquisition de biens fonciers.
Un pays stable repose sur des partis politiques forts et structurés, capables de proposer des alternatives crédibles et de gouverner avec vision. Haïti doit encourager la formation de véritables partis politiques, dotés d’idéologies claires, de structures solides et de mécanismes de financement transparents, afin d’éloigner la politique du clientélisme et de la corruption.
Enfin, Haïti doit redéfinir son cadre de coopération internationale, en refusant les partenariats inefficaces et mort-nés qui ne servent qu’à perpétuer le statu quo. Le pays doit être en mesure de dire non aux aides et interventions qui ne répondent pas à ses besoins réels et qui ne respectent pas ses aspirations. Une diplomatie forte et proactive doit être mise en place, capable de négocier des accords en fonction des intérêts du pays, et non en fonction des exigences des bailleurs internationaux.
Haïti a le potentiel de redevenir une nation prospère et stable, mais cela ne se fera qu’à travers une rupture totale avec le système actuel et un renforcement réel des institutions pour qu’elles puissent fonctionner sans être manipulées. Il ne suffit plus de dénoncer, il faut agir. Il est temps d’oser rêver d’un avenir meilleur et de le bâtir ensemble, avec une vision claire et un engagement inébranlable.
Le changement commence aujourd’hui.

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