1974, Haïti à Munich : 2024, 50 ans déjà

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1974, Haïti à Munich : 2024, 50 ans déjà

En 1974, à Munich, Haïti a participé à la Coupe du Monde de football organisée par la République Fédérale d’Allemagne (RFA). Lors de son premier match, le 15 juin, face à l’Italie de Dino Zoff, les protégés de l’entraîneur Antoine Tassy, que l’inégalé chroniqueur sportif Jean-Claude Sanon nommait « l’intelligent », ont produit un séisme footballistique planétaire suite au but d’Emmanuel « Manno » Sanon après une lumineuse passe de Philippe Vorbe.

Notre pays a terminé la compétition avec trois défaites en trois rencontres face à l’Italie, la Pologne et l’Argentine, 14 buts encaissés pour deux (2) buts marqués.

Cette année 2024 marque le cinquantième anniversaire de la participation de cette pimpante sélection nationale haïtienne à une Coupe du Monde de football. À cette époque-là, le pays de Bismarck était divisé en deux États allemands : la République Fédérale d’Allemagne (RFA) et la République Démocratique Allemande (RDA).

Il importe de souligner que le pays a été réunifié en 1990 avec la chute du mur de Berlin séparant les deux capitales, Berlin-Ouest et Berlin-Est. Le monde était en pleine guerre froide entre deux blocs : capitaliste, dominé par les États-Unis d’Amérique (USA), et communiste sous la tutelle de l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS). Tout un pan de l’histoire est enseveli sous les décombres de la contemporanéité asservie par les réseaux sociaux.

Depuis cette première participation à une phase finale de la plus haute compétition mondiale de football, le pays peine à renouveler cet exploit qui a marqué les esprits. Est-ce encore possible ? Et comment s’y prendre ?

Haïti est incontestablement un pays passionné de football. À ce propos, maître Gérard Raoul Rouzier, préfacier du livre de Patrice Dumont « Haïti à Munich vingt ans (20) après », a écrit ce qui suit : « Le football, qu’on s’en plaigne ou qu’on l’accepte, est, demeure et restera le sport national de notre pays. Que de fois, n’ai-je pas constaté que par le moyen du sport en général et du football en particulier, notre Nation prouve qu’elle est prête à mettre de côté les querelles mesquines et à retrouver ses états d’âme qui nous ont valu notre si belle devise : L’Union fait la Force. »

Et plus loin, il ajoute, « Nous autres qui avons dirigé ce football, nous savons que tant qu’il y aura des jeunes gens, le football haïtien continuera à aller de l’avant à condition que nos successeurs veuillent bien, avec les corrections nécessaires et inévitables, se souvenir qu’avant eux, il y avait nous pour recueillir l’héritage des aînés. »

Monsieur Gérard Rouzier, qui était hors classe, connaissant bien les arcanes du football national tant au niveau administratif que technique, croyait en l’avenir de ce sport dans le pays et espérait que les nouveaux dirigeants fédéraux apporteraient les correctifs nécessaires pour pérenniser les acquis positifs et améliorer les conditions de sa pratique.

Il est important de faire ressortir dans sa littérature une tempérance en ajoutant : à condition.
« Le 15 juin 1974, le soleil s’est levé sur Munich et sur l’histoire » a écrit le buteur de l’équipe nationale à Munich, Emmanuel Sanon, dans son livre « Manno Sanon Toup Pou Yo ». Ce jour-là, la lumière du football national a fait douter les Italiens momentanément. Toujours concernant cette sélection, l’attaquant du Don Bosco a martelé que la force du groupe résidait surtout dans la personnalité des joueurs, une motivation innée qui les animait et une technique individuelle supérieure.

Les noms de tous ces sélectionnés étaient connus de tout le monde, passionnés de football ou non, et résonnaient à longueur de journée sur les ondes des stations de radios du pays et les journaux de l’époque.

Le public assistait aux rencontres de la Coupe Pradel, compétition qui a fait son temps, sans se faire prier. Le football était érigé en religion et le Sylvio Cator le temple en ces temps-là. On entend souvent dire qu’il n’y a pas de génération spontanée. D’où venait cette génération de footballeurs haïtiens ? Assurément, elle n’est pas tombée du ciel. La qualification d’Haïti en 1973 est le résultat d’un long trajet de pratique footballistique de trois promotions de footballeurs.

Selon Patrice Dumont, dans son livre, trois promotions de joueurs constituaient cette équipe. Cette dernière était le fruit d’un travail acharné, de persévérance, de discipline, de solidarité, de courage et d’abnégation. Elle s’était surpassée, se donnait à fond pour arriver au sommet et le public haïtien investissait le stade à chaque rencontre avec ferveur.

Les Shleu Shleu ont immortalisé la sélection nationale de football de 1974 dans une musique :

« Men kote Manno Sanon, al bay gol,
Kote Barthélemy, al bay gol.
Kote Ti Tom Pouce, al bay gol,
Men kote Philippe Vorbe.
Le refrain :
Nou pral à Munich. »

Aucun joueur n’était en reste. Plus près de nous, dans les années 90, le Bossa Combo a apporté sa contribution dans une chanson consacrée aussi au football national :

« Men bon boul.
Et le refrain, an n al nan stad la. »

Que sont-ils devenus après leur brillante carrière de footballeur ? Beaucoup d’entre eux ont embrassé la carrière d’entraîneur de football, de politique, de journaliste, de chroniqueur sportif, d’entrepreneurs, etc. Il y en a aussi qui ont fait le grand voyage. Ainsi va la vie.

Les footballeurs qui ont porté les couleurs nationales à la Coupe du Monde de 1974 en Allemagne sont admirés, adulés et surtout respectés par tous les Haïtiens pour ce qu’ils ont réalisé : hisser le football national au plus haut sommet du sport roi.

Un événement bousculant un autre, à la suite du décès de Manno Sanon, en février 2008, le président d’alors, René Préval, en a profité pour octroyer une rente viagère aux mondialistes pour les bons et loyaux services rendus à la nation.

Tout compte fait, depuis 1974, il y a de cela 50 ans, Haïti a participé pour la première fois de son histoire à une Coupe du Monde de football. Aucune autre génération n’a réitéré l’exploit. Cette participation reste la référence du pays au plus haut niveau. Les Jean-Claude « Tom Pouce » Désir, Pierre Bayonne, Marion Léandre, Serge Ducoste et les autres demeurent la référence.

À quand un autre exploit du même genre ? Quelle autre génération de footballeurs fera-t-elle hisser le bicolore à une autre phase finale de la Coupe du Monde ? La route est encore plus étroite qu’auparavant, cependant, rien n’est impossible, grâce au travail bien fait.

Smith NICOLAS

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