Assassinat de Jean L. Dominique : 23 ans après, des associations de journalistes dénoncent un déni de justice

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Assassinat de Jean L. Dominique : 23 ans après, des associations de journalistes dénoncent un déni de justice

Ce 3 avril 2023 marque le 23e anniversaire du double assassinat de Jean Léopold Dominique, PDG et journaliste de Radio Haïti Inter, et de Jean-Claude Louissaint, agent de sécurité de la station. Plusieurs associations, dont l’Association des journalistes haïtiens à l’étranger (AJHE), l’Association des journalistes haïtiens (AJH), SOS Journaliste, entre autres, déplorent le fait que 23 ans plus tard, le dossier traîne encore au niveau du pouvoir judiciaire et que justice ne soit toujours pas rendue aux victimes et que les auteurs de ce double crime ne soient pas punis.
L’Association des journalistes haïtiens à l’étranger reconnaît que le système judiciaire haïtien présente de graves lacunes. Cependant, cela ne justifie pas le fait que rien n’ait été fait jusqu’à présent pour traduire en justice les assassins de Jean Dominique et Jean-Claude Louissaint. Elle déplore que ce dossier, s’il existe encore, pourrisse dans les tiroirs de la Cour de cassation.

« Il est vrai que la Cour de cassation vient d’être reconstituée de manière contestable et contestée, mais l’AJHE invite cette cour à ressusciter le dossier de Jean Dominique et Jean-Claude Louissaint et permettre ainsi à l’affaire de suivre son cours jusqu’au jugement des auteurs et commanditaires de ce crime odieux qui avait porté un coup dur à la lutte pour la liberté de la presse et la liberté d’expression garanties par la constitution haïtienne de mars 1987 », lit-on dans la note signée par le président et le secrétaire de l’AJHE, Robert Philomé et Garry Bélizaire.

Pour sa part, SOS Journalistes appelle les autorités politiques et judiciaires compétentes, notamment les magistrats de la Cour de cassation, à prendre leurs responsabilités pour mettre fin à ce déni de justice honteux et intolérable, aux effets désastreux sur un rêve si cher au peuple haïtien, celui de voir enfin le pays se transformer en un véritable État de droit.

« SOS Journalistes s’insurge contre le fait que l’affaire, qui est devant la Cour de cassation depuis 9 ans, n’ait pu suivre son cours normal, notamment en raison d’un problème de fonctionnement de la Cour, qui vient heureusement d’être réglé », écrit l’association, dont Guyler C. Delva est le secrétaire général, qui demande à la Cour de cassation de se pencher d’urgence sur le cas de Jean Dominique, dont elle est saisie depuis trop longtemps, afin qu’elle puisse rendre une décision dans un délai raisonnable.

L’Association des journalistes haïtiens (AJH) se dit consternée que les différents gouvernements qui se sont succédé au pouvoir n’aient rien fait pour que justice soit rendue aux victimes de ce double assassinat. Elle s’interroge sur la volonté réelle des gouvernements de faire la lumière sur les cas d’assassinats de journalistes, dont celui de Jean Léopold Dominique.

« Pour des raisons inexplicables, l’affaire est bloquée devant la Cour d’appel et la Cour de cassation. L’AJH dénonce ce déni de justice qui ne fait qu’encourager les assassins de journalistes à tuer en toute impunité. L’Association des Journalistes Haïtiens enjoint une fois de plus les journalistes à se montrer solidaires, plus que jamais, afin que ce cycle d’impunité néfaste, surtout pour la corporation, cesse, et que les auteurs et co-auteurs de l’assassinat de Jean Léopold Dominique et de Claude Louissaint puissent enfin être jugés « , lit-on dans la note portant la signature de Jacques Desrosiers agissant en qualité de secrétaire général de ladite association.

Le Président de l’Association Nationale des Médias Haïtiens, Jacques Sampeur, pour sa part, réclame justice et une enquête sérieuse sur cette affaire honteuse et scandaleuse, lourde de conséquences pour l’avenir de notre système judiciaire et de notre société, car ,soutient-il, si un journaliste de l’envergure de Jean Léopold Dominique, assassiné en plein jour de manière aussi spectaculaire, n’obtient pas justice, personne d’autre ne l’obtiendra.

Pour rappel, le 3 avril 2000, le journaliste Jean Léopold Dominique et le gardien de radio Jean-Claude Louissaint ont été abattus à l’intérieur des locaux de Radio Haïti Inter, station dont le défunt confrère était le propriétaire.

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