Droits de passage : des chauffeurs dénoncent l’inaction des autorités pour libérer des routes controlées par des gangs
Plusieurs chauffeurs assurant les trajets Port-au-Prince/Grand Sud et Port-au-Prince/ Grand Nord dénoncent sans détour les autorités étatiques qui, selon eux, n’ont rien fait pour améliorer les conditions de transport en Haïti.
La majorité des chauffeurs qui assuraient auparavant le trajet P-A-P/Grand Sud sont désormais confinés dans le département de l’Ouest, ou au mieux dans le Grand Sud. Cette situation découle des attaques de gangs armés dans les communes de Carrefour et de Gressier, créant un blocus sur la route du Grand Sud. Les passagers doivent d’abord payer 100 gourdes pour un minibus jusqu’à Carrefour, puis embarquer clandestinement sur un bateau transportant des véhicules vers Petit-Goâve, ou encore continuer en moto jusqu’à Léogâne pour un coût allant de 3 000 à 3 500 gourdes. Jocelin, chauffeur de transport en commun, souligne qu’au moins ceux bloqués dans le Grand Sud peuvent encore transporter des passagers jusqu’à la ville des Cayes pour 1 500 gourdes.
Michel et Jojo, qui effectuaient le trajet P-A-P/Côte Sud, racontent qu’ils ont dû se réinventer pour survivre, leurs bus étant immobilisés dans un garage à Delmas. Inquiets pour eux-mêmes et leurs familles, ils déplorent la situation actuelle où les routes sont complètement bloquées, regrettant même l’époque où il suffisait de payer un droit de passage pour assurer un minimum de sécurité et de continuité dans leur travail.
Du côté des trajets vers le Nord, la situation est tout aussi complexe. Les routes de l’Arcahaie étant jugées peu sûres, certains chauffeurs préfèrent emprunter la route Bon-Repos/Mirebalais. Les voyages sont de plus en plus rares, explique Junior (nom d’emprunt), en raison des nombreux obstacles rencontrés. Les compagnies de transport doivent payer des droits de passage par voyage, semaine ou mois, des montants variant entre 100 000 et 150 000 gourdes, selon le type de véhicule, la compagnie et la nature du chargement, confie Joël (nom d’emprunt).
Les chauffeurs indépendants de Hiace et de camionnette dénoncent également les stéréotypes véhiculés par certaines brigades et policiers qui les suspectent d’être de mèche avec les gangs armés. Roger (nom d’emprunt) affirme que, comme tout le monde, ils paient simplement leur passage pour travailler.
Face à cette réalité, de nombreux chauffeurs estiment que leur métier est menacé. Selon eux, les seuls passagers qui osent encore voyager sont ceux que la peur de la mort ne dissuade plus, ou ceux dans une situation de grande nécessité mais avec peu de moyens. Les chauffeurs soulignent que la route devient souvent impraticable lorsque la police mène des opérations ; toutefois, le paiement d’un droit de passage reste suffisant pour circuler.
Les chauffeurs expriment leur frustration face à une situation où ils sont à la merci des gangs, tandis que l’État semble indifférent aux conditions de transport précaires que subit la population haïtienne.
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