Le CARDH alerte sur les conséquences du classement des gangs haïtiens comme organisations terroristes
Le Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme (CARDH) met en garde contre les conséquences du classement des groupes armés Viv Ansanm et Gran Grif comme « organisations terroristes étrangères » par les États-Unis, suivi par la République dominicaine. Dans un rapport publié cette semaine, l’organisation évoque des risques accrus de radicalisation, d’isolement financier et d’aggravation de la crise humanitaire en Haïti.
Depuis le 2 mai 2025, les États-Unis ont officiellement placé ces deux groupes sur leur liste noire, évoquant les attaques contre les civils, les liens présumés avec des cartels de drogue, et la menace qu’ils représentent pour la sécurité de leurs installations diplomatiques à Port-au-Prince. Deux jours plus tard, la République dominicaine a emboîté le pas, invoquant la nécessité de protéger sa frontière, particulièrement dans le contexte de la découverte de gisements stratégiques près de la zone frontalière.
Selon le CARDH, cette désignation aura plusieurs effets majeurs :
Le gel des avoirs des membres de ces groupes, ainsi que de leurs soutiens financiers.
Une pression accrue sur le système bancaire haïtien, déjà fragilisé, du fait de la position d’Haïti sur la liste grise du Groupe d’action financière (GAFI).
Un risque de radicalisation accrue des gangs, qui pourraient chercher à établir des alliances avec des réseaux criminels ou terroristes internationaux.
Une détérioration humanitaire, avec le retrait progressif de nombreuses ONG des zones sous contrôle des gangs, affectant l’accès aux soins, à l’éducation et à l’eau.
Le président dominicain Luis Abinader a ordonné un renforcement militaire à la frontière et a accéléré les expulsions d’Haïtiens présents sur son territoire. Aux États-Unis, le secrétaire d’État Marco Rubio a déclaré que « l’ère de l’impunité est terminée », annonçant le lancement d’enquêtes du FBI et de la DEA contre les complices présumés de ces groupes.
En Haïti, le Conseil présidentiel de transition (CPT) a salué la décision américaine, y voyant un pas décisif contre la violence armée. Toutefois, les moyens d’une réponse nationale efficace font défaut. La Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS), censée appuyer la Police nationale, reste sous-équipée et partiellement déployée, tandis que l’aéroport international de Port-au-Prince demeure fermé depuis septembre 2024, à la suite d’une attaque.
Le CARDH exhorte la communauté internationale à réviser le mandat de la MMAS pour y intégrer explicitement la lutte antiterroriste. Il appelle aussi à des réformes judiciaires urgentes et à une stratégie nationale claire pour le démantèlement des groupes armés, sans quoi Haïti risque de glisser davantage dans un chaos difficile à contenir.
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