LE GRAND DÈSORDRE DE FAIRE ACCEPTER L’INACCEPTABLE

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LE GRAND DÈSORDRE DE FAIRE ACCEPTER L’INACCEPTABLE

D’un fauteuil présidentiel (bicéphale) à un banc présidentiel (CPT/nonacéphale): À qui profite le désordre ?

Depuis des décennies, la scène politique haïtienne s’apparente à une arène chaotique où s’affrontent intérêts personnels, stratégies de survie et ambitions démesurées. Ce désordre, loin d’être fortuit, révèle une constante : l’incapacité des élites politiques et économiques à se soumettre à un projet national collectif. Avec l’introduction du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), composé de neuf membres, souvent qualifié de « banc présidentiel », cette dérive prend une nouvelle ampleur, interrogeant la logique et les bénéficiaires réels de cette fragmentation du pouvoir.

Le bicéphalisme d’hier : une anomalie devenue norme

La configuration bicéphale du pouvoir, illustrée par un président élu et un premier ministre souvent imposé par des pressions internes ou externes, a longtemps été un symbole de tension. Les luttes intestines entre ces deux figures de l’exécutif ont paralysé l’action gouvernementale, exacerbé l’instabilité et accru le désenchantement populaire. Cette dualité, loin de résoudre les crises institutionnelles, a renforcé les clivages politiques et le mépris des priorités nationales.

Un passage à la « nonacéphalie » : remède ou poison ?

Le CPT, présenté comme une solution transitoire pour sortir le pays de l’impasse, est perçu par beaucoup comme une stratégie de dilution des responsabilités. Composé de neuf personnalités issues de différents secteurs, il symbolise une tentative d’élargir la gouvernance à diverses forces sociales et politiques. Toutefois, cette structure, complexe et fragmentée, pose une question cruciale : comment neuf décideurs peuvent-ils converger vers des décisions cohérentes et efficaces dans un contexte de méfiance généralisée et d’agendas cachés ?

Le banc présidentiel nonacéphale risque d’aggraver le morcellement de l’autorité, favorisant davantage les calculs individuels et les luttes d’influence. En l’absence d’une vision claire et d’un leadership fort, ce modèle de gouvernance pourrait se révéler être un catalyseur d’anarchie.

À qui profite le désordre ?

Dans ce chaos orchestré ou entretenu, plusieurs acteurs tirent leur épingle du jeu :

  1. Les élites économiques : Profitant de la faiblesse de l’État, elles continuent d’accumuler des richesses sans se soucier des impératifs de développement national. L’instabilité leur permet d’échapper aux régulations et aux réformes fiscales qui pourraient limiter leurs privilèges.
  2. Les acteurs politiques : En maintenant un système défaillant, ils s’assurent de perpétuer leur présence sur la scène politique. Le désordre devient une stratégie de survie pour des acteurs incapables de répondre aux attentes populaires.
  3. Les groupes armés : Ces derniers exploitent l’absence d’un pouvoir central fort pour s’imposer comme des forces incontournables dans certains territoires, tout en négociant leur existence avec des factions politiques et économiques.
  4. La communauté internationale : En s’érigeant en médiatrice ou en gestionnaire des crises, elle renforce son influence dans le pays, souvent au détriment de la souveraineté nationale.

Le prix du désordre

Pendant que certains profitent de l’instabilité, la population haïtienne, elle, en paie le prix fort. La pauvreté s’intensifie, les services publics s’effondrent et l’espoir d’un avenir meilleur s’éloigne. Le désordre politique n’est pas une fatalité, mais il est le résultat d’une conspiration silencieuse entre des élites insouciantes, des institutions faibles et une communauté internationale paternaliste.

Repenser la gouvernance

Le passage d’un fauteuil présidentiel bicéphale à un banc présidentiel nonacéphale ne sera qu’un énième épisode de la descente aux enfers si les acteurs impliqués ne s’engagent pas dans une véritable refondation institutionnelle. Une réforme profonde et inclusive, centrée sur les besoins réels de la population, est essentielle pour sortir Haïti de cette spirale destructrice.

L’urgence est claire : mettre fin au désordre, restaurer l’autorité de l’État et définir un projet national unifié. Faute de quoi, le chaos continuera d’être le plus grand allié des profiteurs de l’instabilité, au détriment des aspirations du peuple haïtien.

Patrick Alexis
Citoyen Engagé
Moun9

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