Le silence des « Rara », témoin clé d’une société en pleine déliquescence

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Le silence des « Rara », témoin clé d’une société en pleine déliquescence

Le rara est l’une des formes musicales les plus répandues en Haïti. Il est ancré dans le vécu de l’Haïtien, au point qu’il serait très difficile, quelque part dans le monde, qu’une communauté haïtienne existe en dehors d’une bande de rara.

Si pour certains, le rara s’ancre profondément dans le vaudou, cela n’empêche pas tout le monde de le considérer comme une part de l’identité haïtienne. Certains diront même qu’il incarne l’âme de la culture et de l’identité nationale, tant il s’imprègne dans la société haïtienne.

Le rara existe dans toutes les sections communales, les communes, les îles du pays et au sein de la diaspora. Ces groupes portent des noms variés comme « Inosan », « Lareson » et bien d’autres. Ils proviennent de tout le pays, mais la commune de Léôgane abrite les raras les plus fair-play, contrairement à ceux de Port-de-Paix, Saint-Louis du Nord, Dame-Marie ou du département de l’Artibonite. C’est aussi une période où chaque rara expose son poulain lors de paris, et celui qui fait tomber son adversaire lors d’un duel remporte la victoire.

La période du rara, correspondant au Carême en Haïti, était autrefois marquée par des défilés quasi quotidiens. Les participants, vêtus de couleurs vives, étaient accompagnés de femmes et de musiciens jouant toutes sortes d’instruments créés spécialement pour l’événement.

Sans le vouloir, le rara s’est imposé pendant des années comme une affaire collective. Il arrive que ces bandes défendent l’honneur d’un quartier entier, d’où les tensions lors de croisements avec d’autres raras. Certaines rencontres entre groupes rivaux en province peuvent même tourner au drame mortel.

L’ambiance des fêtes de rara dans la zone métropolitaine différait de celle des villes de province, mais elle donnait malgré tout envie de sortir pour observer ou danser. Cependant, cette tradition décline depuis quelques années. Les bandes se raréfient, et les semaines pascales succombent désormais au silence, remplaçant tambours et trompettes.

Certains attribuent ce déclin à l’insécurité. D’autres évoquent un changement de priorités, où le plaisir cède le pas à la survie, notamment dans les régions contrôlées par des groupes armés occupant les deux départements les plus peuplés.

Encore préservée dans certaines provinces, la tradition perd néanmoins de son ampleur face au contexte national. Le rara, symbole culturel majeur, risque de disparaître si rien n’est fait pour sortir le pays de cette crise.

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