Haiti/ Culture: ANSYTO MERCIER, LA MUSIQUE DANS LE SANG
«Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années » a dit Pierre Corneille dans le Cid. Une vérité universellement admise. Ansyto Mercier est l’une de ces valeurs qui s’est affirmée dès sa première apparition sur la scène musicale haïtienne, à la fin des années 70. Ce fut en pleine période carnavalesque au sein du mini band des frères Dorvily, le Compas Express dont le quartier général se trouvait au bas de Delmas dans le Port-au-Prince d’antan.
En effet, au beau milieu des fauves de ce temps, Ansyto était l’attraction pendant deux jours gras. Tout le monde s’émerveillait de voir un gamin, sûr de ses capacités et jouant aux claviers avec autant de dextérité durant tout le parcours. Cependant, il faut se rappeler que d’autres musiciens haïtiens de renom tels que Dadou Pasquet, Richard Duroseau entre autres avaient débuté, eux aussi, à performer dans des groupes à un très jeune âge.
Depuis le début de sa carrière, Ansyto Mercier a toujours suscité la curiosité des uns et des autres, animateurs, musiciens, profanes, connaisseurs etc. Admirable derrière son instrument prédilection, il a connu la gloire instantanément. Ansyto enflammait les salles où il performait durant toutes ses prestations. La musique est venue à lui naturellement. Elle coule dans son sang.
Il n’est un secret pour aucun mordu du compas direct de « master brain » et de ceux qui suivaient le maestro Ansyto que son parcours musical est long et riche. Après ses débuts avec le Compas Express, il a prêté ses services à divers groupes. Il était du premier contingent de Gemini All star d‘Antoine Rossini Jean Baptiste dit Ti Manno, le Super Star Music Machine, le DP express, Sweet MicKy.
Il a aussi collaboré à la réalisation de pas mal de projets de disques avec des amis. Ansyto avait monté sa propre formation, le Digital Express qui nous a gratifiés de très belles musiques comme qui ne se souvient pas du fameux « se ou ».
Sa passion débordante pour la musique ne s’estompe pas, Ansyto Mercier, l’indémodable, a joué avec la formation de son fils, Maestro. On ne peut compter le nombre de groupes et d’albums auxquels, ce polyvalent a participé ou mis son expertise en matière d’arrangements au service de ses confrères musiciens. C’est un musicien consommé. Son nom s’écrit en lettres d’or dans la musique haïtienne.
À côté des belles chansons « classiques » réalisées par son groupe, le Digital Express, a dominé pendant plusieurs années le carnaval. Le Digital n’avait pas de rival, et n’engageait de polémique avec aucun autre groupe. Il faut souligner qu’il disposait d’un chanteur talentueux, le regretté Lesly ‘’Pachuco’’Guillaume, complice d’Ansyto. Les méringues carnavalesques de ce groupe envahissaient les ondes longtemps avant les autres.
Les carnavaliers s’en extasiaient. Du temps où le Dixie Band faisait trembler le carnaval, il procédait de la sorte. Ce qui a donné du résultat a côté de la qualité de la formation. Ceci permettait au publique de bien mémoriser les refrains. Du génie. Du bon marketing.
D’un autre côté, Ansyto est un passionné de football et un habitué du stade Sylvio Cator. Quand le football national drainait la grande foule, il ne se faisait pas prier pour acheter son billet pour assister aux rencontres. Ansyto est un monsieur simple, abordable et toujours souriant qui n’a jamais eu de la grosse tête.
Depuis son AVC, il ne s’adonne plus de la musique, son métier, son passe-temps, sa passion. Fort heureusement, il est bien encadré par ses amis, sa famille surtout par sa fille et son fils, lui aussi musicien. Ansyto se porte bien, il se déplace sur sa chaise roulante avec assurance comme il jouait sur ses claviers au temps du carnaval.
Le maestro Ansyto Mercier peut être fier de la contribution grandiose qu’il a apportée à la musique haïtienne pendant plusieurs décennies. De l’autre côté, le pays lui droit aussi de la reconnaissance bien méritée. Étant donné qu’on est au mois de sa naissance nous profitons pour lui souhaiter de continuer à jouir d’une bonne santé pour de nombreuses années encore et lui dire aussi qu’il a fait école.
Smith NICOLAS
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